Navigateur non compatible. Veuillez utiliser un navigateur récent
Georges, 44 ans, et son blouson, 100% daim, ont un projet.
Georges, 44 ans, plaque femme et enfants pour faire l'acquisition d'un blouson à franges 100% daim auprès d'un vieil homme qui lui donne également une petite caméra. Désormais ruiné et seul, il trouve une chambre dans un hôtel perdu au milieu des montagnes. Alors qu'il commence à se filmer et à rêver de cinéma, il rencontre Denise, monteuse, qui adhère à son projet de film. Le blouson que George ne quitte plus exerce une influence de plus en plus étrange sur lui.
Le lecteur n'est pas installé ?
Pour votre information, la lecture en mode hors-ligne n'est pas compatible avec le système d'exploitation Linux
"Bien que fort réjouissant, Au poste ! (2018) nous était apparu comme un film de Quentin Dupieux moins profondéme
"Bien que fort réjouissant, Au poste ! (2018) nous était apparu comme un film de Quentin Dupieux moins profondément singulier que les autres, parce que plus clairement influencé par des modèles, auxquels il rendait des hommages directs - Luis Buñuel et Bertrand Blier, essentiellement. Dans Le Daim, on pourra éventuellement déceler de lointaines réminiscences de Série noire de Corneau, de Grizzly Man d’Herzog, et peut-être même de Psychose d’Hitchcock, mais ce film marque surtout le retour du cinéaste à une inquiétante étrangeté dont il est le seul à détenir le secret.
Une singularité d’autant plus précieuse qu’elle ne se répète jamais, échappant toujours au principal écueil qui la menace : devenir un système, un «univers» immédiatement reconnaissable pour qui l’aurait déjà approché. Au contraire, le Daim nous emmène à nouveau dans un espace et un temps difficilement repérables - une France qui ressemblerait au Canada, quelque part entre les années 90 et nos jours ? -, pour suivre un personnage aussi solitaire, dingue et souverain que le film lui-même.
Première grande différence avec les autres films de Quentin Dupieux : la folie ne passe plus ici par la construction du récit, par l’invention d’une logique narrative inédite, mais elle est totalement incarnée par le protagoniste. D’où l’impression de voir une forme d’épure de son cinéma, tout en assistant à l’étude d’un cas psychiatrique. Car c’est bien la logique de la psychopathie qui guide Georges (Jean Dujardin, qui n’a jamais été aussi bon) à partir du jour où il quitte travail et famille, s’achète pour une somme astronomique un blouson en daim à franges, avant de débarquer dans un village des Pyrénées où il décide qu’il sera le seul homme au monde à posséder un blouson…
«Style de malade», ne cesse-t-il de répéter en admirant son nouveau look, et l’on comprend vite que c’est le mot «malade» qui importe ici. Il faudrait demander son avis à un psychiatre, mais ce cheminement qui mène de la dépression au meurtre, du caprice enfantin à la schizophrénie, de l’obsession fétichiste à la perte totale d’empathie, semble d’une implacable cohérence pathologique. C’est à la fois d’autant plus drôle et angoissant que, placé si près de la démence, chacun peut aisément y retrouver une part de soi.
On pourrait aussi dire que c’est l’histoire d’un homme si mal dans sa peau qu’il décide de littéralement la remplacer par une autre, jusqu’à devenir une sorte de fondamentaliste du cuir de daim (après le blouson, suivront le chapeau, le pantalon, les gants). Pris dans ce devenir-daim, Georges quitte peu à peu les règles humaines pour ne répondre qu’à celles, très primaires, qu’il s’est inventées.
Une fois encore, Dupieux, qui fut autrefois capable de donner vie à un pneu pendant tout un film (Rubber, 2010), s’intéresse à la manière dont l’inhumain, les objets ou les bêtes, idéalement un objet fait de matière animale, structurent notre quotidien, jusqu’à parfois prendre possession des corps et des consciences. Dans la mise en scène, cela se traduit par une manière toujours surprenante de cadrer l’inanimé, de conférer une présence inédite à un bouton de veste ou à un tableau de bord, ou de placer la caméra à hauteur de franges. Ou encore d’organiser la rencontre fortuite d’une veste de velours et d’un reflux d’eau dans une cuvette de toilettes, pour la beauté convulsive de l’image produite.
Le vendeur du blouson en daim a aussi offert à Georges un caméscope DV. Parallèlement à sa croisade pour l’éradication de tous les blousons autres que le sien, il va donc aussi s’improviser cinéaste. On ne peut pas en imaginer de plus inculte, idiot et amateur, au point qu’à travers la réalisation de son film - un documentaire sur lui-même tournant vite au snuff movie -, il va, à l’aide d’une notice, puis d’un manuel obsolète, et enfin grâce à Denise (Adèle Haenel), serveuse qui aspire à devenir monteuse, réinventer le cinéma à lui seul : du fonctionnement d’une caméra à la découverte du montage, en passant par la nécessité vitale de trouver de l’argent par tous les moyens pour financer son œuvre. Denise deviendra sa productrice, son assistante et sa monteuse ; elle comprendra son déséquilibre, jusqu’à le partager.
Alors, mine de rien, à sa façon borderline et très peu sentimentale, Quentin Dupieux parvient à filmer rien moins qu’une rencontre. Ce film à la fois inquiétant et hilarant en devient alors, oui, émouvant. Peut-être aussi parce que le cinéaste (dont Jean Dujardin a pris la barbe et le phrasé) ne s’est jamais tenu aussi près de sa propre folie créatrice, foncièrement solitaire et buissonnière."
"Après avoir tenté, l’an dernier avec Au Poste !, de mêler sa fantaisie à un genre ultra codifi&
"Après avoir tenté, l’an dernier avec Au Poste !, de mêler sa fantaisie à un genre ultra codifié, en l’occurrence le polar à la française, Quentin Dupieux se lance un défi inverse : réussir à retranscrire la folie inhérente à son cinéma, sans avoir recours à des transgressions narratives de l’ordre du surréalisme. Rien de mieux pour cela que de nous faire suivre la plongée d’un personnage dans une névrose autodestructrice. C’est à Jean Dujardin, qui n’avait jusque-là pas encore eu l’occasion de travailler avec le réalisateur, qu’est revenu le privilège d’incarner cet homme qui perd peu à peu sa raison, au profit d’un amour inconditionnel pour son manteau. Etonnamment, l’acteur nous livre, dans la peau de ce sociopathe, dont on ne connaît finalement rien d’autre que le prénom, Georges, l’une de ses meilleures prestations, puisqu’il réussit à apparaître, dans un premier temps, comme véritablement pitoyable, alors que son manteau semble encore lui servir à combler un manque d’affection, se transformant ensuite en personnage terriblement menaçant. Adèle Haenel livre elle aussi une prestation solide, apparaissant comme ce qui semble être un ange gardien, jusqu’à ce que le scénario suscite un doute : qui manipule qui ? Toute la misanthropie de Dupieux apparaît ainsi dans le caractère tout aussi destructeur qui peut naître de la relation fétichiste de George avec son manteau en daim, que de celle qu’il va entamer avec cette jeune femme qui semble s’intéresser à lui.
La dénonciation du matérialisme se retrouve dès lors doublée d’un discours fataliste magnifiquement anxiogène. Et pourtant, Quentin Dupieux réussit à rendre son récit agréable à suivre grâce à quelques touches d’humour noir et décalé, ainsi que des choix musicaux plutôt déroutants, comme il en a le secret. Il renoue également avec le style visuel, identifiable à une lumière pâle assez laiteuse, qu’il avait déjà expérimenté dans Wrong et Wrong Cop. On retrouve donc bien le Dupieux que l’on connaît ; et pourtant, il nous surprend en parvenant à faire avancer son récit du début à la fin, sans jamais que celui-ci ne subisse de rupture de ton, ni aucun autre dispositif absurde. C’est bien la folie du personnage, et non pas celle du cinéaste, qui est à l’écran. Défi réussi."
Nos offres d'abonnement
BASIQUE ETUDIANTS
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 4,99€ /mois
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 6,99€ /mois
PREMIUM
9 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
15 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
*A l'exception des films signalés
BASIQUE ETUDIANTS
49 | ,99€ |
/an |
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
69 | ,99€ |
pour 1 an |
PREMIUM
99 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
175 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
Vous devrez fournir un justificatif de scolarité (carte étudiante ou certificat, en .pdf ou .jpg).
UniversCiné se réserve le droit d'annuler l'abonnement sans possibilité de remboursement si la pièce
jointe envoyée n'est pas conforme.
Offre valable 12 mois à partir de la date de l'abonnement
_TITLE